L’avenir de nos palmiers

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Pour faire suite à de nombreuses réflexions et interrogations de la part de ses adhérents et sympathisants, le Comité de Sauvegarde de la Baie de Cavalaire a décidé d’apporter un éclairage sur ce fléau de plus en plus sévère, que représentent les prédateurs qui déciment les palmiers de notre littoral.

Jean-Michel Battin, jardinier formateur et son épouse Lisa, biologiste, ont depuis de nombreuses années étudié et mis en pratique ce vaste thème que représente le sauvetage de nos palmiers.

Ils nous proposent sous forme d’un diaporama le résultat de leurs travaux: Palmier CRP PA asso baie de Cavalaire

Centrale biomasse de Gardanne, on est désorienté

Pour mémoire, une centrale biomasse produit de l’électricité grâce à la vapeur d’eau dégagée par la combustion de matières végétales, qui met en mouvement une turbine reliée à un alternateur, lequel produit de l’électricité.

E.ON Gardanne

Le 29 novembre 2012, le préfet des Bouches-du-Rhône produit un arrêté, autorisant la Société E.ON – Société Nationale d’Électricité et de Thermique, à poursuivre l’exploitation des installations de la centrale de Provence et à exploiter la biomasse sur la tranche 4, à créer des bâtiments de stockage… etc.

Le 29 novembre 2013, FNE Bouches-du-Rhône, l’association Convergence écologique du Pays de Gardanne et M. A.I.D., l’association « les Amis de la Terre des Bouches-du-Rhône, avaient déposé au Tribunal Administratif de Marseille une requête en annulation de l’arrêté du 29 novembre 2012 cité ci-dessus.

Le 8 juin 2017, le Tribunal Administratif de Marseille décide d’annuler l’arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône en date du 29 novembre 2012, donc d’annuler l’autorisation d’exploitation de la centrale biomasse de Gardanne. Les juges ont, entre autres estimé que l’étude d’impact a été insuffisante compte tenu de l’ampleur du projet :

« L’étude d’impact n’est pas proportionnée à l’importance et à la nature du projet »,

Le 9 juin 2017, Le préfet des Bouches-du-Rhône prend un arrêté mettant en demeure l’exploitant de régulariser la situation administrative des installations, ce qui l’autorise à poursuivre l’exploitation. Bien évidemment cette décision peut faire l’objet d’une contestation. Les juges du Tribunal Administratif ne sont pas près d’être sans emploi !

Pour mémoire, 800,000 t / an de bois seront nécessaires pour alimenter la centrale, ce qui implique qu’une partie de ce bois proviendra de régions très éloignées : Canada, nord de l’Europe. Quid du bilan carbone !

On rappelle que le rendement sera seulement de 30 %, en conséquence 70 % de l’énergie consommée, sans oublier quelques NOx, particules fines pour nos poumons et pas mal de CO2 seront rejetés dans l’atmosphère.

Nous sommes très loin de la vraie transition énergétique.

Arrêté préfectoral du 29 novembre 2012 : Arrete-dautorisation-biomasse-EON 29-11-2012

Jugement du TA de Marseille du 8 juin 2017 :  Jugement TA Marseille 8-06-2017

Arrêté préfectoral du 9 juin 2017 : Arrêté préf. et Annexes 9 juin 2017

La transition énergétique en 2017

La transition énergétique vue par l’Académie des sciences 

Année combien décisive pour les grandes orientations en matière énergétique.

Un nouveau président qui se prononce favorable à ramener la part du nucléaire à 50 % de la production d’électricité d’ici 2025, c’est ce que loi de transition énergétique impose. Ce qui devrait se traduire par la fermeture de 15 à 20 réacteurs sur les 58 actuellement opérationnels. La Suisse qui décide de sortir du nucléaire.

Un authentique écologiste au ministère au ministère de la Transition écologique et solidaire qui ne peut que promouvoir cette stratégie.

Un président des E U qui veut sortir de la COP 21.

Mais où est le bon choix ?

Le débat n’a pas fini de nous apporter des informations contradictoires. Et nous nous garderons de proposer un avis motivé, nous nous contenterons d’apporter des sources de réflexion.

Pourquoi cette transition est-elle aussi importante et urgente :

  • Limiter les émissions des gaz à effet de serre ?
  • Limiter notre dépendance vis-à-vis des énergies fossiles ?
  • Limiter notre production de déchets radioactifs dont on nous dit, à tort ou à raison qu’on ne sait que faire ?
  • Limiter les risques de contamination radioactive, en cas d’accident ?
  • Limiter une prolifération des sites nucléaires dans le monde, en cours d’explosion, y compris dans quelques pays « incertains ».

Les sceptiques : la production d’énergies renouvelables a ses limites, raisonnablement on ne peut pas espérer dépasser à terme 30 à 40 % de la production globale :

  • L’éolien et le photovoltaïque, qui sont les deux principales sources d’énergie renouvelables actuellement accessibles, offrent une production aléatoire, tributaire des variations météorologiques. Elles produisent une électricité coûteuse, qu’il faudrait stocker, ce que l’on ne sait pas faire, et représentent souvent une agression à l’environnement. Pour mémoire, pour une éolienne terrestre de 2 MW : de 1000 à 1500 m3 de terre déplacés, de 25 à 40 t. d’acier et de 200 à 400 m3 de bétons mis en œuvre. Quant à l’éolien en mer le coût de production de l’électricité est trop élevé.
  • L’hydroélectrique en mer ou hydroliennes (turbines immergées) n’est pas rentable, maintenance très coûteuse.
  • L’hydroélectrique « terrestre » a atteint ses limites.

Le coût de production de l’électricité.

EDF propose des chiffres, mais ils manquent de cohérence car ils ne prennent pas en compte l’ensemble des coûts, de la construction au démantèlement, voire du stockage des déchets nucléaires. Ils ne reflètent donc pas la réalité.

  • L’hydroélectrique : 20 à 30 €/MWh, seuls les coûts d’exploitations sont inclus, les coûts de construction et de maintenance ne sont pas connus.
  • Le nucléaire : 54,4 €/MWh, en intégrant les investissements de prolongation de durée de vie, mais non inclus les coûts de démantèlement.
  • Les centrales thermiques: entre 70 et 100 €/MWh, selon le prix d’achat des ressources.
  • L’éolien terrestre : 82 €/MWh.
  • L’éolien offshore: plus de 220 €/MWh.
  • Le photovoltaïque : de 220 à 370 €/MWh, selon la taille de l’installation.

Que disent les scientifiques :

L’Académie des sciences vient de produire le 19 avril 2017, un rapport intéressant qui met en évidence certaines difficultés à développer des sources de production d’électricité renouvelables. Il est déjà critiqué par les grandes associations de protection de l’environnement, qui mentionnent un manque d’ambition de cette communauté scientifique en matière de développement des énergies renouvelables.

Accéder à ce rapport de l’Académie des sciences :

Academie des sciences Transition énergétique

Pour plus d’informations voir aussi trois « Lettres Géopolitique de l’Électricité » :

GE-Newsletter n°64 JUIN 2016

GE-Newsletter N°70 décembre 2016

GE-Newsletter n°72 février 2017

Electricité éolienne et solaire, émissions de CO2, et prix de l’électricité pour les ménages en Europe de l’Ouest :

Voir un article très complet réalisé par un scientifique de haut niveau : Electricites intermittentes

Que dit FNE (France Nature Environnement) :

La France s’acharne à présenter l’énergie nucléaire comme une industrie sûre (malgré les accidents), non polluante (malgré les déchets), capable de produire une électricité à bas prix (malgré l’effondrement économique de la filière), comme la solution pour assurer notre indépendance énergétique. Des arrangements avec la réalité que FNE décode.

Chaque Français vit à moins de 300 km d’une centrale nucléaire. Avec 58 réacteurs répartis dans 19 centrales, notre pays est la première nation au monde en nombre de réacteurs par habitant. A ces installations, il faut ajouter les centres de stockage de déchets radioactifs existants et à venir. En France, 80 % de l’électricité est produite par le nucléaire qui représente chez nous 18 % de l’énergie consommée contre seulement 2 % dans le monde.

Le nucléaire n’assure pas l’indépendance énergétique de la France

L’indépendance énergétique française est un leurre : il n’existe plus une seule mine d’uranium en activité en France. Le minerai est importé du Canada, mais aussi du Kazakhstan et du Niger. Le nucléaire n’empêche pas la France d’être massivement dépendante du pétrole et du gaz. Enfin, comment l’industrie nucléaire pourrait assurer notre indépendance énergétique, quand le nucléaire ne représente que 18 % de l’énergie que nous consommons en France ?

Seules les énergies renouvelables sont source d’autonomie énergétique pour notre pays.

Le nucléaire n’est pas une énergie complètement décarbonée, ni une énergie renouvelable… 

L’extraction de l’uranium, non renouvelable, est gourmande en énergie fossile. Elle est donc émettrice de CO2. Au Niger, pour obtenir 3 kg d’uranium, il faut extraire une tonne de minerai. En outre les centrales nucléaires ne sont pas conçues pour adapter leur production d’électricité aux variations de la demande. En France, EDF le fait sur quelques réacteurs en faisant varier la puissance par pas de 10 à 15 mn. C’est une solution qui fragilise les réacteurs et la France est le seul pays du Monde à prendre ce risque. Chaque hiver les pics de consommation liés à la généralisation du chauffage électrique obligent à faire appel aux centrales au charbon ou au gaz.

La solution passe par une rénovation énergétique efficace de notre parc de logements et l’arrêt du chauffage électrique qui est spécificité française.

…ni une énergie propre

En cas de catastrophe, comme à Tchernobyl ou à Fukushima, au-delà de la catastrophe humaine et du drame sanitaire, de vastes territoires sont stérilisés à jamais par la radioactivité. L’industrie du nucléaire est porteuse de risques que l’on ne sait pas maîtriser et dont on ne peut pas mesurer l’ensemble des effets. Ce risque se traduit par de nombreux accidents tels que Maiak (URSS, 1955), Three Miles Island (Etats-Unis, 1979) et plus proche de nous Saint-Laurent-des-Eaux (France, 1960 et 1989) ou encore Le Blayais (France, 1999)

Il n’existe toujours pas de solution pour traiter les déchets nucléaires stockés qui resteront radioactifs pendant des générations.

Le nucléaire n’est pas rentable

Quand il s’agit du nucléaire, l’Etat préfère fermer les yeux sur la catastrophe économique qui s’annonce. Areva est en faillite, EDF a été virée du CAC 40 fin 2015, son directeur financier a démissionné en 2016 et pour la première fois, les syndicats protestent contre les projets à l’étranger. L’EPR français a 10 ans de retard et son prix a triplé. Même chose pour l’EPR finlandais. Enfin les provisions pour démantèlement sont largement insuffisantes d’après l’Union européenne, tout comme celles pour la gestion des déchets…

L’Etat préfère fermer les yeux sur la catastrophe économique qui s’annonce.

Le nucléaire ne remplace pas le pétrole

En 40 ans, notre consommation globale d’hydrocarbures (gaz, pétrole et charbon) n’a baissé que de 20 %. Pour certains usages, en particulier dans les transports qui représentent les trois-quarts de la consommation de produits pétroliers en France, le nucléaire n’offre qu’une alternative très partielle. Si la voiture électrique a un réel avenir pour les flottes urbaines captives, pour le Français moyen, elle ne sera toujours que la seconde voiture qu’il vaudrait mieux éviter grâce à des transports en commun renforcés.

Il est nécessaire de repenser nos transports et nos consommations d’énergie dans leur ensemble.

Le nucléaire n’est pas bon marché

On a longtemps vanté l’électricité à bas prix grâce au nucléaire. Mais c’est surtout qu’on n’a pas pris en compte tous les coûts du nucléaire. Ainsi, en 30 ans la France a dépensé près de 100 milliards d’euros en recherche et développement pour le nucléaire civil (rapport Charpin-Pellat-Dessus). De plus EDF vend son électricité en dessous de son prix de revient et n’a pas provisionné pour les travaux à venir. Aujourd’hui, la remise à niveau des vieux réacteurs pour allonger leur durée de vie « le grand carénage » est évalué à plus de 100 milliards d’euros. Quant aux nouveaux réacteurs EPR, leur prix a triplé et ils vont produire une électricité 3 fois plus chère que le coût actuel.

L’industrie nucléaire est une originalité dans le système industriel. Normalement, plus une industrie se développe, plus ses prix baissent par apprentissage. Il se passe exactement le contraire pour le nucléaire dont les prix augmentent à chaque nouvelle série. Pire encore, les centrales sont à peine assurées, au maximum pour 700 millions alors que l’IRSN évalue le coût d’un accident moyen à 150 milliards et le coût d’un accident grave à 400 milliards. Dans ce cas, comme au Japon, les citoyens devront payer.

La politique nucléaire n’est pas transparente

En France, depuis toujours, le nucléaire est un domaine réservé, hors-la loi. La décision de lancer le pays dans le nucléaire civil a été prise en 1974, sans aucune consultation des parlementaires. En 2005, en plein débat sur l’EPR de Flamanville, des documents ont été classés secret défense tout comme en juin 2010 avec le rapport Roussely sur l’avenir du nucléaire civil. Si le mot  » transparence » commence à fleurir ici et là, l’industrie nucléaire reste opaque. Ce culte du secret est d’autant plus préoccupant que le nucléaire est né avec la bombe atomique : les industries civiles et militaires sont liées. L’Inde a pu construire une bombe à travers un réacteur civil qui produit du plutonium.

Nous, citoyens, devons savoir ce qui se passe dans nos centrales.

Le nucléaire n’a pas d’avenir

Le nucléaire a longtemps fait miroiter une reprise des investissements dans le Monde. Mais les énergies renouvelables se développent beaucoup plus rapidement. Ainsi la Chine longtemps vue comme l’Eldorado du nucléaire n’en est qu’à 23,5 GW d’installés alors qu’elle en est déjà à 5 fois plus en éolien. Dans le Monde entier, les pays hésitent, voire reculent, devant le risque nucléaire et s’orientent vers les énergies renouvelables.

Espérons que la France comprendra assez tôt qu’elle aussi doit prendre ce virage, quelles que soient les difficultés à venir. 

 

Rapport EPA sur la fracturation hydraulique

Alors qu’en France la campagne électorale présidentielle entre dans une phase active, que les candidats à la fonction suprême restent discrets sur leurs intentions quant à l’exploitation de cette ressource énergétique, nous apprenons qu’aux États-Unis un rapport de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), publié le 13 décembre 2016, indique que l’extraction des gaz de schiste par la fracturation hydraulique, peut avoir un impact néfaste sur la qualité et la disponibilité des ressources en eau potable.

Puit d'exploitation

Puits d’extraction aux États-Unis.

Commandée par le Congrès américain, cette évaluation finale arrive après six ans d’attente. Il s’agit de la « compilation la plus complète à ce jour des données scientifiques nationales sur l’impact de la fracturation hydraulique » sur les réserves d’eau, a souligné Thomas Burke, conseiller scientifique de l’EPA.

Après avoir avancé que la fracturation hydraulique n’avait pas d’impact majeur sur l’eau, lors d’un rapport préliminaire en juin 2015, l’EPA reconnaît maintenant que cette technique d’extraction peut avoir des effets néfastes sur la qualité et la disponibilité des ressources en eau potable aux États-Unis, « dans certaines circonstances ».

Basé sur plus de 1 200 sources scientifiques, le rapport indique en somme que l’impact est désormais prouvé. Il peut s’avérer temporaire ou mener à une contamination de l’eau près des sites de forage, la rendant impossible à consommer.

Dans cette évaluation finale, l’Agence de protection de l’environnement a identifié des facteurs en présence desquels les effets néfastes sur les ressources hydrauliques des activités de fracturation peuvent être plus fréquents et plus sévères.

Ils se produisent ainsi généralement à proximité des puits de production de gaz et de pétrole de schiste.

L’impact sur la qualité de l’eau peut être temporaire ou résulter en une contamination empêchant de consommer l’eau des sources et puits environnants.

Le rapport de l’EPA mentionne également une importante diminution de la disponibilité des réserves hydrauliques au moment où les activités de fracturation tirent d’importantes quantités d’eau pour les injecter afin de briser les roches pour accéder au gaz et au pétrole.

La manière dont les entreprises de forage disposent des eaux utilisées pour la fracturation, qui contiennent une grande concentration de substances chimiques pouvant atteindre les nappes d’eau souterraines, représente un autre problème. Ces fluides sont réinjectés dans le sol.

Sur la carte des gisements disponibles en France, nous constatons que la région PACA est particulièrement concernée.

Gisements france-1

Source : Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie

La C.E. veut des réponses

Boues rouges de Gardanne : la Commission européenne veut des réponses

Bruxelles demande aux autorités françaises les motivations de l’autorisation du rejet en mer de déchets dont la toxicité dépasse les plafonds légaux.

LE MONDE | 26.01.2017  Par Martine Valo

La C.E. veut des réponses

Dans le feuilleton des boues rouges de Gardanne (Bouches-du-Rhône), un nouvel acteur entre en scène : la Commission européenne, dont la direction générale de l’environnement a envoyé par écrit, mardi 24 janvier, une volée de questions au gouvernement français.

Celui-ci a dix semaines pour répondre à ce document, dont Le Monde a eu connaissance, et qui marque le début d’une procédure de pré-contentieux dans cette affaire de rejets industriels en mer.

Le 17 mars 2016 déjà, les services de la Commission avaient tenu une réunion avec les autorités françaises et s’étaient enquis d’un éventuel plan de gestion et de prévention des pollutions émanant de l’usine de Gardanne.

Faute de réponse, Bruxelles passe à une phase plus investigatrice. Ses interrogations portent sur l’arrêté signé par le préfet le 28 décembre 2015, qui autorise pour six ans Alteo à déverser en Méditerranée, plus précisément en plein parc national marin des Calanques, les effluents liquides de sa production d’alumines de spécialité à base de bauxite.

Depuis 1966, l’usine a rejeté en mer, dans le canyon de Cassidaigne, par 320 mètres de fond, des millions de tonnes de boues rouges, avant d’être récemment obligée de s’équiper de filtres-presses. Aujourd’hui, elle garde à terre les boues d’extraction et envoie les liquides restants à sept kilomètres du littoral, via une canalisation. Or, ceux-ci dépassent les normes légales par leurs taux d’arsenic, d’aluminium, de fer et de trois autres contaminants. Alteo a donc eu besoin de dérogations, que l’Etat lui a accordées.

Bras de fer Valls-Royal

Cette indulgence avait donné lieu à un bras de fer entre Manuel Valls, alors premier ministre, et Ségolène Royal, ministre de l’environnement, la seconde accusant le premier d’avoir incité le préfet à signer l’arrêté controversé.

A son tour, à la demande d’eurodéputés français, dont les écologistes Michèle Rivasi et José Bové, ainsi que d’associations, la Commission se penche sur « les conditions dans lesquelles les autorités françaises compétentes ont autorisé » ce jour-là Alteo à poursuivre une activité qui contrevient à plusieurs directives européennes.

D’abord à celle de 2006 sur les déchets de l’industrie extractive : la Commission rappelle que dans ce secteur sensible, l’Etat membre doit « veiller à ce que l’exploitant prenne toutes les mesures nécessaires pour prévenir ou réduire autant que possible les effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine », y compris après la fermeture du site.

L’industriel doit en particulier « recueillir et traiter les eaux contaminées provenant de l’installation afin qu’elles atteignent la qualité requise pour pouvoir être rejetées ». En conséquence, Bruxelles se demande sur quels textes législatifs la France s’est appuyée pour délivrer des dérogations.

Employer les « meilleures techniques disponibles »

Manifestement bons connaisseurs du dossier, les fonctionnaires européens pointent aussi le problème de l’entreposage à terre. « De quelle nature sont les déchets solides issus de l’extraction d’alumine sur le site de Gardanne ? L’analyse de leur toxicité a-t-elle été uniquement effectuée par l’exploitant ? », interrogent-ils. Ou bien les services de l’Etat s’en sont-ils chargés ? Quels en sont les résultats, notamment pour les métaux lourds ?

Comme pour achever de placer l’Etat face à ses responsabilités, la direction générale de l’environnement met en avant une autre directive, celle de 2010 relative aux émissions industrielles. Celle-ci impose le concept des « meilleures techniques disponibles » qu’il aurait fallu mettre en œuvre, en particulier dans le traitement des effluents liquides. De nouveau, elle interroge : ce standard a-t-il été respecté, notamment dans la réduction de l’acidité des eaux rejetées en mer et pour les métaux non ferreux ?

Le dossier tombe aussi sous le coup de la directive-cadre sur l’eau, un texte important de l’Union européenne (UE) adopté en 2000. Voilà qui donne lieu à un nouveau rappel du rôle des Etats membres : à eux de prendre « toutes les mesures nécessaires pour prévenir la détérioration de l’état de toutes les masses d’eau de surface ». S’enchaîne alors toute une série de questions : a-t-il été mis en place une surveillance de l’état chimique des eaux concernées par le déversement ? Le cas échéant, peut-on en connaître les résultats, « en particulier sur la zone protégée constituée par le site Natura 2000 » ?

Protection des fonds marins

Sur ce point, les fonctionnaires soulignent des manquements supplémentaires, vis-à-vis cette fois de la directive européenne Habitats. Non seulement la vieille canalisation de l’usine d’extraction d’alumine débouche dans la Méditerranée, mais elle touche des zones classées notamment pour la richesse de leurs herbiers à posidonies, qui constituent des refuges pour jeunes poissons et crustacés.

Ces fonds marins sont donc considérés comme « d’intérêt communautaire prioritaire », rappellent les services de la Commission, qui se demandent sur quelles bases les autorités françaises ont pu se fonder pour considérer que cette façon de se débarrasser de déchets industriels n’avait pas « un effet significatif » sur la faune marine.

La missive se termine par une question sibylline sur l’arrêté du 28 décembre 2015 : celui-ci fait-il encore l’objet de recours devant la justice française ? Cette réponse-là au moins est connue. Plusieurs associations de défense de l’environnement mais également des organisations de pêcheurs, très remontées, continuent de réclamer l’annulation de cette décision préfectorale, ou au moins le raccourcissement du délai de six ans accordé à Alteo pour se mettre aux normes.

Mercredi 25 janvier, lors du dernier débat de la primaire à gauche, le candidat Benoît Hamon évoquait cette affaire. Manuel Valls, a-t-il lancé, « aurait dû intervenir sur les boues rouges », qui présentent des risques « considérables », alors que lui-même s’était déjà déclaré « fermement opposé » à leur rejet en mer. Quel qu’il soit, le prochain gouvernement devra sans doute répondre à de nombreuses interrogations sur ce feuilleton, qui débuta par de fortes mobilisations sur la côte méditerranéenne il y a maintenant un demi-siècle.