Le projet ABYSSEA très controversé a été suspendu par la ministre de l’Environnement. Une dépêche de l’agence Reuters, suivi d’un article de Var matin du 10 décembre 2014, nous apprend la bonne nouvelle.
Un certain nombre d’élus avaient entendu les associations de défense de l’environnement, qui s’étaient insurgées contre ce projet d’implanter une plateforme d’essai, dans la zone protégée de PELAGOS.
MARSEILLE le 10-12-2014 (Reuters) – Le gouvernement français a gelé un projet de centre d’expertise et d’essai en mer profonde destiné à l’industrie pétrolière qui devait être implanté en Méditerranée au cœur du périmètre protégé Pélagos, un sanctuaire international pour les cétacés.
Ce projet dénommé Abyssea, du nom de la société créée par un ancien ingénieur de la Comex, une société de plongée industrielle, prévoit la création de deux plates-formes posées à 1.300 et 2.400 mètres de profondeur, au large d’Hyères (Var).
Son objectif est de permettre à l’industrie pétrolière et minière de tester en condition réelle les équipements offshore pour faciliter les « efforts de recherche et de développement dans le domaine des technologies sous-marines en grands fonds », comme le précise l’enquête publique qui vient de s’achever.
Dans un courrier adressé mardi au préfet du Var, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, dit avoir chargé le Conseil général de l’environnement et du développement durable « d’étudier un autre lieu d’implantation » et, dans l’attente de ses conclusions, « de ne pas poursuivre la procédure d’autorisation ».
Ce projet de 13 millions et ½ d’Euros, financé à hauteur de 35 % par des fonds publics à travers le Pôle Mer PACA et la Caisse des dépôts et Consignations, a provoqué la colère des écologistes et des élus locaux.
Le conseil municipal d’Hyères, commune censée accueillir le site, a voté lundi une motion de défiance pour dénoncer un « projet opaque ». Les élus d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) refusent pour leur part un projet qui « ne répond pas aux exigences actuelles de refonte du modèle énergétique et à la nécessaire mise en place de la transition écologique ».
SANCTUAIRE PÉLAGOS
Les plates-formes devaient être déposées dans le canyon des Stoechades, au nord-est de l’Ile du Levant. La première devait se situer dans les eaux territoriales et la seconde, plus au large, en dehors des eaux territoriales mais dans la Zone économique exclusive (ZEE) où l�Etat exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources.
Un poste de contrôle, implanté sur la partie militaire du Centre d’essai et de lancement des missiles de la Direction générale de l’Armement (DGA), sur l’Ile du Levant, devait compléter le dispositif.
« L’augmentation constante des profondeurs d’exploitation et d’observation du milieu sous-marin rend pertinent l’existence d’un site d’essais grands fonds proposant des services complets à un coût très compétitif », détaillait Abyssea dans un document.
L’entreprise basée à la Seyne-sur-mer (Var) estime que l’offshore profond représentera en 2015 un marché de 10 millions de barils/jour, soit 10 % de la production mondiale.
Sélectionnée en 2010 dans le cadre d’un appel à projets du Fonds Unique Interministériel (FUI), elle a choisi le site du Levant pour la profondeur des fonds marins au large de Toulon et la météorologie clémente du sud de la France.
Mais le projet est implanté en limite du Parc national marin de Port-Cros et au cœur de Pélagos, un espace maritime de 87 500 km² dédié à la protection des mammifères marins.
On y recense plus de 8.500 espèces animales macroscopiques, qui représentent entre 4 % et 18 % des espèces marines mondiales.
« Une biodiversité remarquable qui risque d’être mise à mal par le projet Abyssea », explique la députée européenne Michèle Rivasi (EELV). « La Méditerranée reste une mer hyper fragile, on doit fermer la porte aux tentations de forage qui pourraient ressurgir avec ce type de projet expérimental. »
L’installation de la première plate-forme est prévue au printemps 2016, la seconde serait installée en automne 2018.
(Édité par Yves Clarisse)
Extrait de Var matin du 10-12-2014